HOMMAGE DE MADAME NICOLE THIEBAUT A SON EPOUX, JEAN-MARIE THIEBAUT

EN L’EGLISE DE LA RAMIERE

thiebaud jean marie

« Je vous remercie d’être venu accompagner Jean-Marie, mon mari.

Parlons de lui…

Sa jeunesse s’écoule en banlieue parisienne ; études secondaires, universitaires… à cette époque il n’existe que la Sorbonne ! Il est angliciste. Parallèlement il s’épanouit dans les activités du scoutisme et participe à l’encadrement de jeunes aveugles.

Nous sommes en 1959, c’est la guerre d’Algérie. Son sursis épuisé, il est enrôlé comme simple soldat, vers Beni-Messous en banlieue d’Alger où il fait « ses classes » ; puis sélectionné pour l’école d’application du train, à Tours, il sort sous-Lieutenant avec solde, ce qui permet notre mariage ! Nous nous étions connus par les activités du scoutisme où j’étais, alors, guide de France.

De retour en Algérie il est affecté à Colomb-Béchar au 3ème Groupe saharien de transport (GST). Lors de la « permission libérable » nous courrons le Sahara : Beni-Abbés où nous rencontrons l’Abbé Pierre en convalescence à Tamanrasset, l’Assekrem (Hermitage dans le Hoggar) sur les pas du Père de Foucault. Il était trop tard pour faire carrière au Sahara. L’indépendance approchait.

Mais nul doute que les grands espaces, l’approche des populations autres que la nôtre ont déterminé nos carrières outre-mer. Le Cambodge, le collège des Jésuites du Caire, Kampa, et le soutien à l’enseignement du français dans cette Afrique de l’Est anglophone, ou encore le centre culturel de Bagdad pour que rayonne la culture française, sans oublier l’Ecole Normale Supérieure d’Abidjan pour la formation des cadres de ce pays en langue française….

Les dernières affectations proposées nous les avons refusées. Nous voulions, avant notre retraite, retrouver une France au travail. Nommé Inspecteur Pédagogique Régional (IPR), dans l’académie de Grenoble, il allait de Collège en Lycée, conseiller et aider les professeurs d’anglais. Il me disait son plaisir de retrouver sa discipline, qu’un séjour en Irlande, quand il était gamin, organisé par la Croix Rouge française, à la fin de la guerre, avait déterminé. L’Irlande était sa seconde patrie.

Néanmoins 27 mois sous les drapeaux ne s’effacent pas. Il a toujours gardé le contact avec l’Armée. Lors de ses congés en France il s’inscrivait à des périodes militaires volontaires qui l’ont hissé jusqu’au grade de Lieutenant-colonel de réserve. Il y trouvait les vertus d’une France traditionnelle qu’il souhaitait éternelle.

Initié par un Père Spiritain à l’Histoire oubliée de l’Afrique il recherche, avec l’aide des chefs de village, des tombes enfouies sous la végétation et devient, en Côte-d’Ivoire et en Centre-Afrique Délégué du Souvenir Français. Ses publications sont déposées sont déposées aux Archives Nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence et peuvent être consultées à l’Académie des Sciences d’Outre-mer à Paris. Il était, tant que ses forces l’ont porté, membre de l’Amicale des Anciens d’Outre-mer et Anciens Combattants des Troupes de Marine de l’Hérault. Il était, avec humilité, le portrait d’un citoyen chrétien au service de son pays.

Nos amis rencontrés ici ou là, civils, militaires ou religieux sont venus à Loupiac. Ils ont aimé, comme lui, ce pays. L’accueil de ses habitants, la chaleureuse entraide de chaque village qu’aujourd’hui encore, par votre présence, par l’aide que vous m’avez montrée pour la préparation de ses obsèques, vous êtes les représentants. C’est pourquoi lui et moi sommes si attachés à Loupiac. C’est pourquoi nous avons voulu demeurer en cette terre. C’est pourquoi, tout à l’heure, nous le conduirons à sa dernière demeure, le cimetière de Fontaynous/Martiel où je le rejoindrai.

Grand merci à toutes et à tous. »

Loupiac/46400 - LARAMIERE le 31 janvier 2023