Hommage & rappel de carrière de l’adjudant-chef Guy Meunier
Le 3 juillet 2018 à Lauras
Les photos de la cérémonie
Crédits photos Michel BAIN (dscf...), Serge RESBEUT (img...) Daniel VERIN (p703000.)
Au nom de notre Amicale des Troupes de Marine de l’Hérault et de la section Languedoc-sud des Décorés de la Légion d’Honneur dont l’adjudant-chef Guy Meunier était membre, nous présentons nos condoléances à la famille de Guy MEUNIER ; à Maïté, son épouse, à son fils Guy, à ses filles, Béatrice et Fabienne, à son petit-fils Xavier et je les remercie d’avoir bien voulu nous permettre de lui rendre un dernier hommage.
Il y a presque deux ans, l’adjudant-chef Guy Meunier était élevé à la dignité de Grand Officier de l’Ordre National du Mérite par le général d’Armée Elrick Irastorza, ancien chef d’état-major de l’Armée de terre.
Beaucoup d’entre vous, présents aujourd’hui, étaient avec lui pour partager l’honneur et la joie de notre camarade.
Voici une partie de l’intervention du général :
« ...Rendre hommage à l'adjudant-chef Guy Meunier, c'est regarder en face toute une tranche de notre histoire nationale dont nous n'avons pas à rougir, et former le vœu que si nous devions par malheur renouer avec des temps difficiles, il puisse se trouver toujours, en France, des soldats pour en assurer la pérennité, en défendre les ressortissants et les intérêts majeurs où qu'ils soient menacés ou, tout simplement, cette terre héritée de nos aïeux.
Guy Meunier est né en 1928 à Châteauroux...Il a donc 12 ans quand les Allemands descendent les Champs Élysées et 14 lorsqu'ils envahissent la zone libre.
A une époque où on ne devait pas être trop regardant sur l'âge, il s'engage le 19 août 1944 au titre du 2e Régiment de Haute-Garonne et passe rapidement caporal.
Mais son destin est ailleurs et il se porte volontaire pour l’Extrême Orient où il débarque avec le 35e RI en février 1947. Il n'a pas encore 19 ans.
D'emblée, il se distingue pour son calme et son sang froid au combat comme dans la vallée de Song Glang où, pris sous un violent tir de mortier, il repousse une bande vietminh à grande rafales de fusil mitrailleur. Quelques semaines plus tard à My Thung, il contribue activement à la destruction d'un comité exécutif régional. Mais on ne gagne pas les citations comme cela et il lui faudra attendre février 48 pour obtenir la première d'une exceptionnelle série. A l'été de la même année, il rejoint le 21e Régiment d'Infanterie coloniale et ne quittera plus la grande famille des Marsouins.
Encore deux citations puis il rentre en France pour 18 mois avant de repartir en Indochine à l'été 1951. Et de nouveau les combats s’enchaînent dans la région de Hué et Truoi. Début 1953, en quelques mois, 3 nouvelles citations dont une palme, les galons de sergent-chef et la Médaille militaire à 25 ans, viennent récompenser les infiltrations sans fin dans une jungle hostile, les combats acharnés contre un ennemi implacable et de remarquables qualités de meneur d'hommes dans les situations les plus exigeantes. Et tandis que se profile la fin des hostilités vous ne baissez pas les bras et, en mai 1954, vous lancez votre compagnie de supplétifs trois fois à l'assaut pour récupérer un de vos sous-officier blessé. Une septième citation témoigne de cet attachement profond aux hommes que vous menez au combat.
La page indochinoise tournée, sauf dans votre cœur de soldat en mémoire de vos 75 000 camarades de l'Union française tombés là-bas, vous repartez moins de 4 mois plus tard pour l'Algérie.
Combattant d'un courage remarquable, vous traquez l'ennemi de nuit comme de jour lui infligeant des pertes sévères et obtiendrez trois nouvelles citations mettant en exergue votre audace dans les terrains les plus difficiles et votre allant à la tête de vos hommes.
Vous rentrez en Métropole le 6 août 1960 et êtes fait chevalier de la Légion d'honneur, ce qui a 32 ans est tout à fait exceptionnel pour un adjudant !
Encore quelques années à bourlinguer à Madagascar et Djibouti puis ce sera la retraite et une vie nouvelle.
Commandeur de la Légion d'honneur depuis 2009, titulaire de la Médaille militaire et de 10 citations, vous voilà désormais, entouré de votre épouse, de vos enfants et petit enfant, élevé par la République à la dignité de Grand Officier de l'Ordre National du Mérite.
Mon Adjudant-chef, c'est toujours un honneur pour les officiers des générations suivantes de témoigner à des soldats tels que vous la reconnaissance d'une République qui n'est pas si oublieuse qu'on veut bien le dire parfois. »
Je suis sûr qu'en cet instant vous avez une pensez pour vos compagnons de combats et notamment tous ceux que vous avez laissés sur le bord de cette piste sans fin, morts pour la France mais toujours vivants dans nos cœurs. Permettez-moi d'y associer tous les soldats de nos engagements plus récents et de dire notre confiance à tous ceux qui aujourd'hui n'ont finalement pas d'autre ambition que de suivre votre exemple pour que vive la France ! ... »
Pour nous tous, Guy Meunier était l’archétype de l’adjudant-chef de la Coloniale et des Troupes de Marine, de ceux que l’humour militaire classe au-dessus de Dieu ; aventurier, baroudeur au grand cœur, n’hésitant pas à prendre des risques, détestant les planqués dans les bureaux et les hypocrites parmi lesquels il incluait quelques politiques, et parfois même quelques-uns de ses supérieurs ; impressionnant par sa densité physique et son regard vif et inquisiteur, il est toujours resté pour nous un ami fidèle, un joyeux compagnon appréciant la plaisanterie et les bons mots.
Lors de son engagement, il avait en poche son bac 1ère partie. Il aurait pu devenir officier mais, aux stages dans les Écoles militaires, il préférait nettement la vie de terrain, de bagarre, l’exotisme et être, ce qu’il était : un grand parmi les petits ; Un adjudant-chef !
Guy nous te souhaitons d’être bien accueilli dans l’une des maisons du Père
A Dieu, mon adjudant-chef.
P.C
Quelques écrits de Guy MEUNIER :