// Lieutenant-colonel Roger GOUTTE-SOLARD

RAPPEL DE CARRIERE ET HOMMAGE AU LIEUTENANT-COLONEL ROGER GOUTTE-SOLARD,

Prononcé lors de la cérémonie d’obsèques au centre funéraire de GRAMMONT / MONTPELLIER le 5 août 2014

goutte solard roge

Notre camarade, décédé dans son sommeil dans la nuit du 26 au 27 juillet dans sa 84ème année.
Il était né à VOLVIC dans le Puy de Dôme où les GOUTTE-SOLARD sont nombreux.
Appelé au service militaire en 1951, le jeune GOUTTE-SOLARD rejoint l’école des officiers de réserve de CHERCHELL d’où il sort aspirant en octobre de la même année.
Il est affecté au MAROC, au 6ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais, stationné à SAFI, alors important port de pêche sardinier, à 200km au sud-ouest de CASABLANCA et 150 km au nord-ouest de MARRAKECH.
Les années 50 au Maroc qui précèdent l’accès à l’indépendance de ce pays en 1956, sont agitées. Le sultan Mohamed ben Youssef est envoyé en exil en 1953, remplacé par Mohamed ben Arafa, plus favorable à la présence française avant le retour de Mohamed ben Youssef, futur MOHAMED V, quelques mois avant la proclamation de l’indépendance.
Dans ce contexte, le 6ème RTS rejoint CAMP BOULHAUT, aujourd’hui BOUZIZA, en pays chaouia, à l’intérieur des terres à une heure de route de Casablanca et Rabat. C’est là que le notre camarade fera la connaissance de celle qui deviendra son épouse.
Jusqu’en avril 1955, le lieutenant de réserve en situation d’activité GOUTTE-SOLARD, avec son unité, participe à de nombreuses opérations de maintien de l’ordre.
Puis c’est le retour en métropole, en famille, à Strasbourg, où Roger prépare le concours d’entrée à l’Ecole spéciale militaire interarmes où il est admis, rejoignant Coëtquidan en 1956. Avec ses camarades de la promotion Franchet d’Esperey, il quitte l’Ecole en 1957 avec le grade de sous-lieutenant.
En 1958, après son stage d’application à ST MAIXENT, le sous-lieutenant GOUTTE-SOLARD est affecté en Algérie, au 23ème Bataillon d’Infanterie de Marine, à BOURKIKA, village de colonisation dans le secteur de Blida, dans une zone autrefois marécageuse assainie par les colons, et grande productrice de vin, au pied du petit djebel GUERROUAT. Il y séjournera deux ans comme chef de section et commandant de compagnie, cité comme « jeune officier, payant sans cesse d’exemple, animé d’une foi inébranlable en sa mission de pacification. Animateur de la nouvelle cité de la nouvelle cité de BOUKIKA, édifiée avec ténacité, malgré les difficultés. A gagné l’estime de la population par son dévouement. A participé à toutes les opérations de son unité... »
La carrière de notre camarade des Troupes de Marine l’emmène maintenant vers d’autres cieux, en Côte Française des Somalis, aujourd’hui République de Djibouti, en 1960/1962, où il contribue efficacement à la création d’une piste le long de la frontière du Somaliland pour interdire l’accès des terroristes.
Puis c’est le Régiment de Marche du Tchad à Pontoise, où, capitaine, il commande une compagnie avant de repartir outre-mer pour un séjour de 2ans en et demi 1966/68 comme conseiller technique auprès du commandant malgache de l’Ecole du service civique dans la jolie ville d’ANTSIRABE.
Il passera ensuite 6 ans au 43ème Régiment blindé d’Infanterie de Marine à OFFENBURG, au pays de Bade, en Allemagne, comme adjoint puis chef de bureau instruction. Promu commandant en 1972 et désigné pour servir au Gabon, il est victime d’un grave accident qui lui laisse de lourdes séquelles et reste affecté au 43ème jusqu’à son départ pour la Côte d’Ivoire en 1975 comme chef du Bureau d’aide militaire à Abidjan.
De retour en métropole en 1976, il prend le commandement de la 22ème compagnie divisionnaire à Amiens. Promu lieutenant-colonel en 1978, GOUTTE-SOLARD commande le Centre de documentation de l’Armée e Terre de la 54 Division militaire territoriale de Montpellier de 1980 à 82, année où il quitte le service actif et prend sa retraite.
Ses qualités humaines transparaissent à travers sa carrière : rigueur, ténacité, compétence, amour du travail bien fait, ouverture sur les hommes et les civilisations autochtones, modestie, faculté d’adaptation.
J’appartiens à ceux qui l’ont connu dans sa période « retraite », comme beaucoup d’entre nous ici.
Nous avions participé ensemble et avec d’autres dans le début des années 1990 à la création de l’Amicale des Anciens des Troupes de Marine de l’Hérault. Les interventions de Roger étaient toujours pertinentes. Grand organisateur de sorties touristiques très conviviales, il a longtemps été actif dans ce domaine chez nous comme dans d’autres associations.
Il avait aussi la passion du bridge qu’il partageait avec son épouse.
Sa parcelle/jardin était son lieu de ressourcement avant que l’âge ne l’oblige à la vendre. Nous y avons parfois déjeuné entre hommes pour notre plus grand plaisir, y chantant, en fin de repas, des chants « colo » ignorés des oreilles chastes.
Sous son aspect un peu rugueux, peut-être liée à sa surdité, notre ancien était un homme de coeur.
Le lieutenant-colonel Roger GOUTTE-SOLARD était St Cyrien, chevalier de la Légion d’Honneur, titulaire de la Croix de la Valeur Militaire avec une citation, de la croix du combattant.
Il a fait honneur aux armes de la France et aux troupes de Marine
Nous en garderons fidèlement la mémoire ; nous sommes heureux et fiers de l’avoir connu.
A Dieu, Roger
Michel Bain, lcl TDM (H)