PATROUILLE AVEC RESULTAT SPECIAL
Période : Courant mi/1952
Lieu : Région LAO-KAY (secteur frontière chinoise entre Fleuve Rouge et le Song Chai )
Effectif : Trente Partisans (20 Thai-nung et 10 Tho ) .
Parti en Mission de renseignement, je me trouve à quelques centaine de mètre de la frontière Chinoise, progressant à flanc de colline, à vue, sur une piste qui serpente le long d'un petit ruisseau ( Song ), soudain deux hommes armés débouchent sur la piste suivis de 2 mulets bâtés, puis encore un homme, puis encore des mulets.
Mon adjoint le sergent DIEU, me souffle : "Eux pas Viets, eux bandits pirates ".
Dans la portion la plus longue de la piste je compte 7 hommes armés et 9 mulets.
Visant les hommes, je déclenche le tir, sans riposte, mais une dispersion rapide des hommes et des mulets .
Deux pirates sont à terre, Dieu, le sergent avec un groupe se précipice, récupère les armes et essaye d'attraper des mulets .
Moi avec l'autre groupe je remonte la piste deux à trois cent mètres en fouillant les abords : rien qu'un boudin de riz et des taches de sang .
Je reviens vite vers l'autre groupe ne désirant pas rester longtemps dans ce secteur ( les viets ne sont jamais loin ).
Le Sergent Dieu a attrapé deux mulets et ramassé une Sten, trois chargeurs et un fusil Pringfield ;
Il semble très énervé fouillant un des sacs et me prenant par le bras me dit : "nous gagner beaucoup Yates (Piatres)".
Pourquoi cette excitation de ce brave très calme habituellement : le sac contient des paupières de biche et dans la candeur de mes vingt ans j'ignore l'utilité de cette masse informe.
Je suis vite renseigné : "Chinois lui riche, lui beaucoup aimer, lui faire grand plaisir à femmes, lui payer, être beaucoup content.
Ces paupières sont utilisées comme parure, en collier, lors des rapports sexuels et, dit-on transportent les partenaires au paradis.
Je peaufine mon éducation.
Conclusion: Nous avons trimballé ce sac un bon mois et finalement après avoir disparu toute une journée le sergent ravi m'a remis 50 000 piastres correspondant à la vente de ce sac :
Achat de pataugas locales, de chemises et de pantalons plus une petite prime à chaque Partisan.
Beaucoup de joie à la base arrière.
Les autres sacs contenaient des galets d'opium; très appréciés par le deuxième Bureau.
"Ce n'est pas une histoire guerrière, mais une anecdote inhabituelle et plaisante."
J. BOUTHIER