Inauguration de la plaque dédiée aux soldats coloniaux
décédés à Villefranche de Rouergue en 1943 et 1944
Souscription au fascicule dédié à ce événement cliquer ici
Les photos de cet événement
Commentaire liminaire
Mesdames, Messieurs,
Nous allons assister à l’inauguration d’une plaque commémorant la participation des troupes de « l’Empire Colonial Français » aux divers conflits impliquant la France pendant plus d’un siècle.Le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal sous Napoléon III, organisa les premiers régiments de « Tirailleurs Sénégalais » en 1857. Des soldats d’autres régions de l’Afrique Subsaharienne les rejoignirent ensuite, mais le terme générique de « Tirailleurs Sénégalais » fut maintenu jusqu’à l’extinction de ces corps. C’est la raison pour laquelle, au cours de la cérémonie, vous entendrez l’hymne du Sénégal.
D’autres régiments de Tirailleurs, d’Artilleurs et d’Infirmiers furent mis en place dans les autres contrées de l’Empire, en Afrique du Nord ou en Indochine Française (Viet Nam, Laos, Cambodge).
Ils participèrent aux conquêtes coloniales.
Lors de la Première Guerre mondiale, nombre de ces soldats sont morts sur les champs de bataille.
La guerre terminée, en 1919, les troupes coloniales occupent l’Allemagne au sein de l’Armée du Rhin. Des Tirailleurs participent au défilé de la victoire sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile à Paris le 14 juillet 1919.Au cours de la Seconde Guerre mondiale, près de 180 000 Tirailleurs Sénégalais participent à la Campagne de France, du 10 mai au 25 juin 1940 et sont fait prisonniers dès l’armistice du 22 juin 1940. Ils sont détenus dans des camps situés en France près de la ligne du front (Vosges, Somme, Nord) car les Allemands ne souhaitent pas les conduire sur leur propre sol.
En mai et juin 1940, 3 000 Tirailleurs africains et malgaches prisonniers sont exécutés sommairement par la Wehrmacht au motif de la couleur de leur peau.
Par la suite, les régiments de la Force Noire reconstitués prendront part à l'ensemble des combats menés par la « France Libre ».
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Tirailleurs africains et malgaches participent aux guerres coloniales contre les mouvements nationalistes.
Entre 1960 et 1964, avec la décolonisation, les dernières unités de Tirailleurs Sénégalais sont dissoutes.En 1943, de nombreux soldats subsahariens, nord-africains et indochinois sont encore détenus depuis juin 1940 dans des conditions très difficiles. Des accords entre les occupants et le gouvernement de « l’Etat Français » permettent leur évacuation sanitaire. Ils sont accueillis dans des hôpitaux réquisitionnés à cet effet dans la France entière.L’hôpital Sainte Claire de Villefranche de Rouergue, appartenant à la congrégation de la Sainte Famille, est réquisitionné par l’autorité militaire le 7 avril 1943, il y a exactement 73 ans aujourd’hui, pour recevoir des soldats africains, malgaches, indochinois et antillais blessés ou malades. Ils seront soignés par des infirmières civiles encadrées par cinq religieuses.
Les premiers malades arrivent le 9 juillet. Ils sont vingt, Africains, Malgaches, Martiniquais, Sénégalais, Algériens, Indochinois.Il est difficile de déterminer le nombre total de soldats accueillis à Sainte Claire. On sait par contre que douze d’entre eux sont décédés entre le 2 septembre 1943 et le 8 octobre 1944. Inhumés au carré militaire du cimetière de Villefranche de Rouergue, ils ont été transférés, en même temps que plusieurs résistants, à la Nécropole Nationale de La Doua à Villeurbanne près de Lyon en 1971.
Une plaque et une cérémonie pour rappeler le souvenir de ces combattants morts pour la France.Outre les personnalités et autorités locales, nous saluons tout particulièrement la présence,
- du Général Condé, attaché défense à l’ambassade de Guinée
- du Colonel Major Moussa Balla Coulibaly, attaché défense à l’ambassade du Mali
- du Commandant Touré, assistant de l’attaché défense à l’ambassade de Côte d’Ivoire.
Nous allons assister à l’inauguration d’une plaque commémorant la participation des troupes de « l’Empire Colonial Français » aux divers conflits impliquant la France pendant plus d’un siècle.Le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal sous Napoléon III, organisa les premiers régiments de « Tirailleurs Sénégalais » en 1857. Des soldats d’autres régions de l’Afrique Subsaharienne les rejoignirent ensuite, mais le terme générique de « Tirailleurs Sénégalais » fut maintenu jusqu’à l’extinction de ces corps. C’est la raison pour laquelle, au cours de la cérémonie, vous entendrez l’hymne du Sénégal.
D’autres régiments de Tirailleurs, d’Artilleurs et d’Infirmiers furent mis en place dans les autres contrées de l’Empire, en Afrique du Nord ou en Indochine Française (Viet Nam, Laos, Cambodge).
Ils participèrent aux conquêtes coloniales.
Lors de la Première Guerre mondiale, nombre de ces soldats sont morts sur les champs de bataille.
La guerre terminée, en 1919, les troupes coloniales occupent l’Allemagne au sein de l’Armée du Rhin. Des Tirailleurs participent au défilé de la victoire sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile à Paris le 14 juillet 1919.Au cours de la Seconde Guerre mondiale, près de 180 000 Tirailleurs Sénégalais participent à la Campagne de France, du 10 mai au 25 juin 1940 et sont fait prisonniers dès l’armistice du 22 juin 1940. Ils sont détenus dans des camps situés en France près de la ligne du front (Vosges, Somme, Nord) car les Allemands ne souhaitent pas les conduire sur leur propre sol.
En mai et juin 1940, 3 000 Tirailleurs africains et malgaches prisonniers sont exécutés sommairement par la Wehrmacht au motif de la couleur de leur peau.
Par la suite, les régiments de la Force Noire reconstitués prendront part à l'ensemble des combats menés par la « France Libre ».
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Tirailleurs africains et malgaches participent aux guerres coloniales contre les mouvements nationalistes.
Entre 1960 et 1964, avec la décolonisation, les dernières unités de Tirailleurs Sénégalais sont dissoutes.En 1943, de nombreux soldats subsahariens, nord-africains et indochinois sont encore détenus depuis juin 1940 dans des conditions très difficiles. Des accords entre les occupants et le gouvernement de « l’Etat Français » permettent leur évacuation sanitaire. Ils sont accueillis dans des hôpitaux réquisitionnés à cet effet dans la France entière.L’hôpital Sainte Claire de Villefranche de Rouergue, appartenant à la congrégation de la Sainte Famille, est réquisitionné par l’autorité militaire le 7 avril 1943, il y a exactement 73 ans aujourd’hui, pour recevoir des soldats africains, malgaches, indochinois et antillais blessés ou malades. Ils seront soignés par des infirmières civiles encadrées par cinq religieuses.
Les premiers malades arrivent le 9 juillet. Ils sont vingt, Africains, Malgaches, Martiniquais, Sénégalais, Algériens, Indochinois.Il est difficile de déterminer le nombre total de soldats accueillis à Sainte Claire. On sait par contre que douze d’entre eux sont décédés entre le 2 septembre 1943 et le 8 octobre 1944. Inhumés au carré militaire du cimetière de Villefranche de Rouergue, ils ont été transférés, en même temps que plusieurs résistants, à la Nécropole Nationale de La Doua à Villeurbanne près de Lyon en 1971.
Une plaque et une cérémonie pour rappeler le souvenir de ces combattants morts pour la France.Outre les personnalités et autorités locales, nous saluons tout particulièrement la présence,
- du Général Condé, attaché défense à l’ambassade de Guinée
- du Colonel Major Moussa Balla Coulibaly, attaché défense à l’ambassade du Mali
- du Commandant Touré, assistant de l’attaché défense à l’ambassade de Côte d’Ivoire.
La cérémonie a commencé par le chant des Africains à la sonorisation, elle a été suivie après la mise en place des autorités par la lecture du poème de Léopold Sédar Senghor par deux élèves du lycée Savignac :
Poème de Léopold Sédar Senghor, homme politique français puis sénégalais.
Il a été le premier président du Sénégal et le premier Africain élu à l’Académie Française en 1983 .
Enrôlé comme soldat de 2ème classe en 1939 au 31ème régiment d'infanterie coloniale, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à La Charité-sur-Loire le 20 juin 1940. Il est interné dans divers camps de prisonniers puis transféré au Frontstalag 230 de Poitiers, un camp de prisonniers réservé aux troupes coloniales.
Ce poème est extrait de son recueil Les Hosties Noires, publié en 1948.
"Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort
Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ?
Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux
Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris vous enterrer furtivement.
Vous n’êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur
Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France.
[…]
Ah ! ne dites pas que je n’aime pas la France - je ne suis pas la France, je le sais -
Je sais que ce peuple de feu, chaque fois qu’il a libéré ses mains
A écrit la fraternité sur la première page de ses monuments
Qu’il a distribué la faim de l’esprit comme de la liberté
À tous les peuples de la terre conviés solennellement au festin catholique.
[…]
Il a été le premier président du Sénégal et le premier Africain élu à l’Académie Française en 1983 .
Enrôlé comme soldat de 2ème classe en 1939 au 31ème régiment d'infanterie coloniale, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à La Charité-sur-Loire le 20 juin 1940. Il est interné dans divers camps de prisonniers puis transféré au Frontstalag 230 de Poitiers, un camp de prisonniers réservé aux troupes coloniales.
Ce poème est extrait de son recueil Les Hosties Noires, publié en 1948.
"Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort
Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ?
Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux
Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris vous enterrer furtivement.
Vous n’êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur
Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France.
[…]
Ah ! ne dites pas que je n’aime pas la France - je ne suis pas la France, je le sais -
Je sais que ce peuple de feu, chaque fois qu’il a libéré ses mains
A écrit la fraternité sur la première page de ses monuments
Qu’il a distribué la faim de l’esprit comme de la liberté
À tous les peuples de la terre conviés solennellement au festin catholique.
[…]
Notre noblesse nouvelle est non de dominer notre peuple, mais d’être son rythme et son cœur
Non de paître les terres, mais comme le grain de millet de pourrir dans la terre
Non d’être la tête du peuple, mais bien sa bouche et sa trompette.
Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang
Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude, couchés sous la glace et la mort ?"
Écrit à Paris en avril 1940
Non de paître les terres, mais comme le grain de millet de pourrir dans la terre
Non d’être la tête du peuple, mais bien sa bouche et sa trompette.
Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang
Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude, couchés sous la glace et la mort ?"
Écrit à Paris en avril 1940
La plaque a été dévoilée par Monsieur le Maire et le Souvenir Français
L'Hymne du Sénégal a retenti suivi de la lecture des pays d’origine, des noms, prénoms et régiment des soldats par des élèves du lycée Savignac.
L'Hymne du Sénégal a retenti suivi de la lecture des pays d’origine, des noms, prénoms et régiment des soldats par des élèves du lycée Savignac.
Madame Nicole Schira a pris la parole pour le Souvenir Français :
Je souhaiterais tout d’abord remercier Monsieur le Maire de Villefranche de Rouergue qui nous a permis d’organiser un hommage aux soldats de ce qui fut "l’Empire colonial français" .
J’aimerais aussi remercier les personnalités qui sont présentes aujourd’hui pour rappeler la mémoire de ces hommes, venus de très loin, morts pour une patrie qui leur était chère.
Découvrir que douze soldats, africains, malgaches et vietnamien, étaient morts pour la France dans un hôpital de Villefranche de Rouergue en 1943 et 1944 fut un peu le fait du hasard.
Le Souvenir Français, dont je fais partie, œuvre pour la sauvegarde des tombes et monuments consacrés aux soldats morts pour la France et la transmission de leur mémoire aux jeunes générations. Le comité de Villefranche de Rouergue a effectué un nettoyage des monuments du carré militaire situé dans le cimetière. Pour obtenir des renseignements sur ceux dont les noms figuraient à cet endroit, nous nous sommes adressés au Pôle des sépultures de guerre, qui est un département de l’Office National des Anciens Combattants.
Nous avons découvert que les listes établies par cet organisme étaient incomplètes et nous avons effectué les démarches nécessaires pour y remédier.
Le Pôle des sépultures de guerre nous a transmis une liste de douze noms de soldats inhumés à cet endroit en 1943 et 1944. Les archives municipales ont découvert la mention de leur décès et l’emplacement de leur tombe. Mais là, nous n’avons rien trouvé. Des recherches supplémentaires ont permis d’apprendre le transfert de dix des douze corps à la Nécropole Nationale de La Doua, près de Lyon en 1971, en même temps que celui de plusieurs résistants tombés dans les maquis de l’Aveyron. Le corps des deux soldats malgaches avait été restitué à leur famille dans les années cinquante.
Nous nous sommes ensuite adressés aux archives de la congrégation de la Sainte Famille. Elle gérait l’hôpital Sainte Claire de Villefranche qui avait reçu de nombreux soldats africains, malgaches, indochinois à partir de juillet 1943. Nous avons pu découvrir l’accueil qui leur avait été réservé et la tolérance apportée à leurs diverses religions. Une grande pitié, une grande humanité caractérise ces écrits.
Monsieur le Maire, informé, a constaté que ces faits étaient quasi inconnus des Villefranchois. Il a estimé, lui aussi, que les ignorer ou les oublier était comme faire mourir ces hommes une seconde fois.
Nous sommes fiers, avec vous tous et en particulier avec les élèves du Lycée Savignac qui participent à cette cérémonie, de pouvoir, grâce à cette plaque, rendre hommage aux soldats de la Force Noire et à ceux qui lui étaient assimilés.
Nicole Schira
Souvenir Français, 7 avril 2016
Souvenir Français, 7 avril 2016
Monsieur Serge Roques, Maire de Villefranche de Rouergue, Madame le député Marie Lou Marcel, Monsieur Pierre Gavois, Secrétaire Général de la sous-préfecture représentant le sous-préfet de Villefranche de Rouergue ont successivement pris la parole, suivi par la sonnerie aux morts, jouée au clairon, par Daniel Schira (ATDM34) , suivie d’une minute de silence puis de La Marseillaise.
A la fin de la cérémonie, l'assistance s'est déplacée en cortège informel à la Mairie où leur a été présentée, dans le hall, l’exposition de l’ONAC La Force Noire..
A la fin de la cérémonie, l'assistance s'est déplacée en cortège informel à la Mairie où leur a été présentée, dans le hall, l’exposition de l’ONAC La Force Noire..