NOËL 1951 A BIEN-HOA SUD VIETNAM
Je suis cantonné avec ma compagne SAU au poste des deux ponts dans l'ile de HIEP-HOA; ma compagne est enceinte et l'accouchement est prévu pour noël.
Le 20/12/51 a 04 h.00 ( en France il est 22 h. du 19/12/51 ) je me prépare a partir en patrouille avec un groupe de 15 soldats tous vietnamiens. En effet un renseignement indique des mouvements de nombreux viets, autour de la ville de BIEN-HOA, préparant des harcèlements autour des postes la nuit de noël.
Ma mission, ce matin là, est de localiser leurs traces, en vue d'une opération contre ces éléments, dans la région de la forêt de HOA-AN située a l'ouest de la ville de BIEN-HOA.
Après 5 km.de piste, nous pénétrons dans la forêt, hors piste, colonne par un, mon éclaireur le caporal NGU BI (origine MOI ) trace la piste au coupe-coupe, je suis derrière lui, nous arrivons dans une clairière et, après observations, allons reprendre la progression, mais un déluge de tir et d'explosions de grenades nous accueille, le caporal blessé a la jambe par une rafale ( 3 balles ) s'écroule tout en ripostant, mon radio le 1cl. LĖ ainsi que le caporal DI-YEU sont tués et moi je prend 2 balles au thorax coté droit et plusieurs éclats de grenades (27 ) d'après le toubib, le sergent THA lance des ordres, laissant penser que nous sommes nombreux, du coup les viets décrochent.
Nous somme trainés sur le sol jusqu'a l'orée de la forêt; une charrette est récupérée, deux heures plus tard nous arrivons au poste ( ma radio a été détruite ) mais l'alerte a été donnée et des éléments du secteur partent appuyés par des automitrailleuses du 5ème cuir (dans la journée de nombreux accrochages font des pertes sensibles aux viets ) noël sera calme dans tout le secteur.
La charrette est accueillie par nos camarades qui partent rapidement mais sans oublier de demander une ambulance, les épouses des tués manifestent leur douleur ainsi que ma compagne qui garde son calme en me parlant, j'essaie de lui dire que mon état est superficiel, mais des quintes de toux avec vomissement de sang l'inquiète sérieusement et moi, je ne pense qu'a son état.
A mon réveil, à l'hôpital de BIEN-HOA, elle est auprès de moi, mais une infirmière lui conseille d'aller se reposer; en effet dès le lendemain, elle rentre à la maternité et, le 23 décembre, arrive notre petite Michelle, toute blonde, pas pour longtemps. Ayant fait le nécessaire, auprès de mon capitaine, pour reconnaitre, quoiqu'il arrive, l'enfant a naitre, mais celui-ci en opération a prévenu avec du retard la gendarmerie dépositaire du registre de l'état civil français que ceux-ci m'ont apporté pour signer sur mon lit d'hôpital ( le tout en armes )
Avec 15 jours de convalescence passés à SAIGON dans la famille de SAU, pas de noël, mais une belle fête du têt. Début février de retour au poste, je repartais en mission sans appréhension mais le port du sac était un peu pénible.
Mais, avec l'aide de SAU, de mon adorable petite fille, des membres du commando de toutes origines et-le fait d'avoir vingt ans, la forme est vite revenue.
jacques BOUTHIER